Robert Schuman : Réalisme politique et esprit européen

Ces derniers jours, la France et l'Allemagne ont commémoré le 60e anniversaire du traité de l'Élysée, signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer le 22 janvier 1963. Ce traité est aujourd'hui considéré comme un événement fondateur qui marque le début de la réconciliation et du partenariat politique franco-allemand.

Un examen plus approfondi de l'histoire européenne d'après-guerre nous invite à reconsidérer cette interprétation. En fait, la coopération politique franco-allemande a commencé plus de dix ans auparavant, avec la déclaration Schuman du 9 mai 1950 et la fondation de la Communauté européenne du charbon et de l'acier un an plus tard. C'est la décision de surmonter les conflits violents du passé et d'organiser conjointement le secteur du charbon et de l'acier qui a en fait lancé le partenariat franco-allemand, inscrit dans le cadre plus large de l'intégration européenne.

Quant à Charles de Gaulle, il avait été un opposant à ce processus, avait contribué à l'échec de la Communauté européenne de défense à l'Assemblée nationale française en 1954 et défendait farouchement la souveraineté française contre ceux qui voulaient approfondir l'intégration européenne. Lors de la visite du président français en Allemagne en 1962, le chancelier allemand Konrad Adenauer adresse une lettre à Robert Schuman, dans laquelle il fait l'éloge du fondateur du partenariat franco-allemand : "Au cours de la visite du général de Gaulle la semaine dernière, j'ai très souvent pensé à vous comme à l'homme qui, par la proposition de la Communauté européenne du charbon et de l'acier, a jeté les bases de l'amitié qui lie maintenant si étroitement nos deux pays. Je ressens le besoin impérieux de vous exprimer ma gratitude, tout particulièrement en cette occasion."

Dans le livre 'Robert Schuman: Politischer Realismus und Europäischer Geist', le CIFE et ses partenaires autrichiens de la Leopold-Figl-Haus rendent hommage à cet homme d'État hors du commun, dont la personnalité trouve ses racines à la fois dans le christianisme et dans l'expérience atroce du conflit franco-allemand.

Avec des contributions de Peter Becker, Pascale Joannin, Margriet Krijtenburg, Hartmut Marhold, Otto Neubauer, Matthias Waechter et Cesare Zucconi.

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