Depuis sa création en 2015/16, le programme en Études méditerranéennes a beaucoup évolué. Quels ont été les faits marquants de ces deux dernières années ?
Au-delà des séjours académiques à Nice, Tunis et Istanbul, nous proposons depuis trois ans un voyage d'études à Dakar (Sénégal) et à Banjul (Gambie) en coopération avec notre partenaire Groupe Sup de Co Dakar. Dès lors que plusieurs méditerranéens se trouvent sur le continent africain, il nous a semblé utile de réfléchir aux défis communs de ces pays et de voir ensuite comment l’Union européenne peut aider à les surmonter. Outre la découverte des pays et de leurs particularités, les étudiants rendent visite aux délégations de l'UE. Les échanges avec Monsieur l'Ambassadeur de l'UE à Dakar et Madame l’Ambassadrice de l’UE à Banjul aident à la compréhension de la coopération euro-méditerranéenne et euro-africaine. Le voyage d’études comprend aussi des visites d’ONG qui travaillent sur la jeunesse, la faim, les métiers de l’humanitaire et des sorties culturelles dont l’île de Gorée.
Quelles sont les thématiques principales abordées dans ce programme ?
Le module « Gestion des conflits et construction de la paix » commence par la construction européenne pour analyser ensuite certains des autres conflits dans le monde. Le module « Économie, développement durable, inégalités et pauvretés » commence par un panorama de l’économie mondiale avant de traiter l’économie européenne puis l’économie du développement. Dans les deux cas, la force de notre filière est d’associer les savoirs académiques avec la compréhension des réalités du terrain. Une chose est d’analyser les défis du développement depuis un cadre confortable, une autre est de les ressentir et d’essayer de les comprendre en présentiel. Le module « Sociétés et cultures méditerranéennes » analyse les nombreux atouts mais aussi les contraintes du pourtour méditerranéen. Et enfin, le module « Intégration régionale et coopération euro-méditerranéenne » a pour objet de réfléchir aux raisons pour lesquels des acteurs différenciés peuvent coopérer ou non.
Pourriez-vous nous parler des institutions partenaires de ce programme ?
Avec l'Université Mahmoud El Materi à Tunis, nous partageons des cours en associant des étudiants et des professeurs des deux institutions. Des rencontres institutionnelles et culturelles complètent le programme. Il en va de même avec le Groupe Sup de Co Dakar. L’Université de Bilgi à Istanbul est l'une des meilleures universités privées turques où les étudiants de la filière méditerranéenne retrouvent des étudiants en Études globales du CIFE. Ces partenariats offrent une immersion totale et débouchent sur des coopérations fructueuses pour toutes les parties comme la participation des étudiants à la campagne de vaccination contre la Covid-19 en Tunisie il y a deux ans ou l’organisation conjointe de tables rondes à Dakar avec la participation de l’UE et de son ambassadeur.
Quels sont les facteurs qui rendent ce programme unique, selon vous ?
C’est unique à notre connaissance de découvrir cinq pays en neuf mois et de partager des cours, tables rondes, rencontres officielles, sorties et pratiques culturelles avec trois partenaires académiques reconnus. La dimension interculturelle est fondamentale. Le groupe d’étudiants est lui-même cosmopolite et l’équipe académique l’est tout autant.
Les cinq lieux d’études – Nice, Tunis, Dakar, Banjul et Istanbul – demandent une certaine capacité d’adaptation aux étudiantes et étudiants. Pouvez-vous nous décrire de quelle manière les participants vivent cette expérience ? Et de quelle manière le CIFE le accompagne tout au long de l’année ?
C’est une année riche en découvertes et forte en émotions. Par exemple, visiter l’île de Gorée et la maison des esclaves est un moment émouvant et la visite de la Médina à Tunis est une source d’émerveillement pour les étudiants. L’ambiance stambouliote et le Bosphore font rêver et la remise des diplômes en bateau sur ce même Bosphore est un moment inoubliable.
La continuité académique est assurée par des rendez-vous réguliers avec le directeur du Programme, ainsi que d’autres enseignants qui encadrent et conseillent les étudiants dans leur travail de recherche. Le service scolarité apporte un soutien personnalisé et accompagne les étudiants tout le long de l’année pour les questions organisationnelles et logistiques.
Quelles sont les profils académiques que vous recherchez ?
Il n’y a pas de profils prédéterminés. Si les parcours en sciences humaines et sociales sont les bienvenus, nous attachons avant tout de l’importance à la capacité de s’adapter à des environnements différents, à la curiosité intellectuelle et culturelle, au vivre ensemble, sans occulter bien sûr le niveau académique.
Et qu’est-ce qu’on peut devenir après avoir étudié ce programme ? Auriez-vous quelques exemples ?
Trois domaines professionnels émergent à la suite du programme : les institutions internationales et européennes, les ministères nationaux et les administrations, les ONG. Vient ensuite le secteur privé et la poursuite des études au niveau doctorat.
On peut citer quatre exemples concrets des postes occupés par nos Anciens :
1/ Assistante de direction, Direction Afrique, Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères à Paris ;
2/ Chargé de programme, Délégation de l'UE à la République de Côte d’Ivoire ;
3/ Expert politique, Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides en Belgique ;
4/ Chargé de mission au Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement, Coopération bilatérale avec la Tunisie.