Directrice du Diplôme des hautes études sur la transition et la gouvernance énergétique globale - Chargée d'études CERI-SciencesPo

Comment la pandémie COVID-19 affecte-t-elle notre système énergétique ?
François Bafoil - La pandémie COVID-19 est un défi sanitaire mondial qui constitue aujourd'hui la principale priorité des gouvernements et des organisations internationales. La vie de chacun est touchée, mais les questions et les problèmes d'hier demeurent et semblent d’autant plus importants. Les personnes vivant dans la pauvreté ont besoin d'énergie ; les États sont chargés de garantir la sécurité de l'approvisionnement ; les organisations supranationales sont incitées à trouver de nouveaux schémas énergétiques ; les entreprises doivent produire, transporter et distribuer l'énergie à tous les consommateurs. Le besoin de déployer des énergies renouvelables et de réduire les émissions de CO2 reste plus urgent que jamais. Par conséquent, le Covid-19 illustre la nécessité de trouver des solutions aux défis passés et actuels.

Comment le secteur de l'énergie doit-il agir pendant cette crise ?
Rachel Guyet  - Afin de surmonter les mesures de confinement avec des personnes restant dans leur domicile toute la journée, le secteur de l'énergie a un rôle clé à jouer. Bien que le niveau de consommation soit beaucoup plus faible qu'hier, les entreprises énergétiques sont mobilisées pour assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique, les gouvernements et les services publics ont pris des mesures spécifiques, entre autres initiatives, pour soutenir les consommateurs vulnérables.

Pouvez-vous prévoir les éventuelles conséquences de cette crise sur le marché de l'énergie ?
FB - Néanmoins, la crise sanitaire a également des conséquences à court et moyen terme qu'il convient de traiter : la baisse des prix du pétrole a des répercussions directes sur le marché du pétrole, tant dans les pays producteurs que dans les pays consommateurs. La réduction de la consommation d'énergie pourrait également remettre en question ou du moins freiner les investissements dans les énergies renouvelables. Cependant, quelques bonnes nouvelles peuvent être soulignées, comme l'amélioration de la qualité de l'air et la réduction de la pollution.

Quels changements observez-vous au niveau politique ?
RG - Ce changement soudain soulève des questions à court et moyen terme : peut-on évaluer ou prévoir les conséquences à long terme de la crise sanitaire sur le secteur de l'énergie ? Pouvons-nous concevoir l'avenir du Pacte Vert pour l’Europe ? Compte tenu du risque d'effondrement économique, quelles seront les capacités d'investissement des investisseurs ? Le désinvestissement des combustibles fossiles va-t-il se poursuivre ? La crise sanitaire sera-t-elle transformée en une opportunité d'améliorer l'accès à une énergie propre et abordable pour tous ?
Toutes ces questions interrogent les gouvernances des modèles énergétiques qui peuvent représenter un cadre pour analyser l'impact de la crise COVID-19 sur le secteur de l'énergie du point de vue de différents groupes d'intérêt, de l'Union européenne et d'autres institutions supranationales dans le monde, de l'État, du marché et des consommateurs. 

Comment le Master in Global Energy Transition and Governance sera-t-il adapté à ces changements ?
FB and RG - Notre Master in Global Energy Transition and Governance se doit de réagir à ces défis et de discuter de leurs implications avec les participants au programme. Nous allons introduire un fil rouge au cours du programme de l’année prochaine qui va nous permettre d’ouvrir des espaces de discussions et de débats avec les experts du sujet.

Directeur du Diplôme des hautes études sur la transition et la gouvernance énergétique globale. Directeur de Recherche CNRS au CERI, Sciences-Po Paris

 

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